Fiche descriptive : Recouvrement – Sédiments

De : Services publics et Approvisionnement Canada

Sur cette page

Description

Le recouvrement in situ consiste à recouvrir les sédiments contaminés par une ou plusieurs couches de matières comme du sable, du gravier ou des géomembranes dans le but d’isoler chimiquement ou physiquement les contenants et de les immobiliser. Le recouvrement in situ permet de réduire rapidement les risques d’exposition, permettant le délai le plus court comparativement au suivi du rétablissement naturel (SRN), au dragage et à l’excavation. En isolant les sédiments contaminés et en réduisant au minimum les processus de transport de l’eau dans les sédiments, le recouvrement in situ élimine les voies d’exposition entre les contaminants et la communauté benthique. Cela réduit considérablement les risques potentiels liés à l’exposition aux contaminants dans les sédiments.

Les recouvrements peuvent être perméables, semi-perméables ou imperméables. Les options quant aux matériaux de recouvrement comprennent les sédiments propres, le limon, le sable ou le gravier, ainsi que des matériaux imperméables comme l’argile. Des couches synthétiques spécialisées (par exemple les géomembranes) peuvent être utilisées en combinaison avec des matières naturelles afin d’accroître l’efficacité des recouvrements. Des géosynthétiques sont parfois déployés sur des sédiments à faible dispersion afin de soutenir le matériau de recouvrement, généralement composé de sable. Une couche d’enrochement protectrice, souvent constituée d’un matériau grossier (gravier, pierres) peut être installée sur le matériau de recouvrement (sable) afin de prévenir la mise en suspension et l’érosion de la couche de recouvrement dans les zones instables (par exemple les endroits vulnérables à l’érosion). La surface de la couche de recouvrement peut également être conçue de façon à améliorer la valeur écologique du substrat en servant d’habitat à la faune et à la flore indigènes.

Lorsque le recouvrement ne suffit pas à gérer les objectifs d’assainissement, des amendements peuvent être intégrés au matériau de recouvrement, afin d’en améliorer l’efficacité. On a démontré que divers amendements réduisaient la perméabilité et le flux par l’intermédiaire du recouvrement, renforçaient la capacité de sorption de la couche de recouvrement et rehaussaient la transformation et la dégradation des contaminants. Il est possible d’incorporer directement des amendements aux sédiments contaminés (ce qu’on appelle traitement in situ) ou dans le matériau de recouvrement (ce qu’on appelle recouvrement modifié). Il peut s’agir par exemple d’argiles de faible perméabilité, de bentonite ou d’argiles organophiles (efficaces pour le confinement des liquides en phase non aqueuse), de carbone activé, de nutriments et de médias riches en nutriments, comme le compost, et des minéraux comme l’apatite, les zéolites et le fer à valence 0.

Le recouvrement convient parfaitement aux zones contaminées situées dans des environnements stables, où les fluctuations climatiques (tempêtes, inondations, tremblements de terre) et les activités d’utilisation futures (dragage, création d’une nouvelle infrastructure) sont prévisibles et peuvent être incluses dans les considérations liées à la conception. On a souvent recours au recouvrement après le dragage des sédiments portuaires, comme moyen d’isoler les contaminants ou de gérer les résidus. Le recouvrement dans les lacs et les rivières a gagné en popularité aux États-Unis, mais est toujours relativement peu répandu au Canada.

Liens Internet :

Mise en œuvre de la technologie

Les objectifs de conception du recouvrement in situ comprennent la stabilisation et l’isolation chimique et physique :

  • la stabilisation des sédiments contaminés se produit lorsque les sédiments sont protégés des forces d’érosion par l’enrochement (pose de gravier ou de pierres), dans le but de prévenir la remise en suspension et le transport des contaminants vers d’autres sites;
  • l’isolation physique des sédiments contaminés réduit l’interaction et le contact avec la communauté benthique, le principal moyen de transport des contaminants et de transfert trophique;
  • l’isolation chimique des sédiments contaminés réduit les réactions chimiques et le transfert entre les contaminants et l’eau interstitielle et sus-jacente. Le risque de flux de contaminants dans la zone biologiquement active est ainsi réduit.

L’obtention de résultats fructueux avec le recouvrement de sédiments requiert une conception technique bien pensée, ainsi qu’une mise en œuvre et une surveillance soigneusement planifiées. La détermination de l’étendue du recouvrement et des matériaux à utiliser dépendra des conditions du site, des contaminants présents et des caractéristiques des sédiments.

En général, le processus d’élaboration d’un système de recouvrement in situ peut comprendre les éléments suivants :

  1. évaluation de l’adéquation du site pour le recouvrement (y compris compte tenu des utilisations actuelles et futures);
  2. conception du recouvrement. Les facteurs suivants doivent être pris en considération dans la conception :
    • la mesure dans laquelle les sédiments contaminés sous-jacents sont capables de supporter physiquement la conception du recouvrement, tout en réduisant au minimum le risque d’érosion du site;
    • la façon de réduire au minimum la bioturbation potentielle du biote indigène;
    • les changements de la profondeur de l’eau sur le site qui en résultent;
    • les améliorations à la communauté benthique existante et la protection des espèces en péril;
    • l’utilisation d’évents pour gérer les émissions gazeuses dans les zones de décomposition organique importante, où l’accumulation et l’effervescence des gaz peuvent créer des craques et des fissures dans le recouvrement;
  3. la préparation du site pour l’installation du recouvrement (qui peut comprendre le dragage, le traitement in situ des contaminants et l’élimination ou le déplacement des habitats et des espèces);
  4. la détermination de l’équipement requis pour l’installation du recouvrement. La sélection de l’équipement dépend des conditions propres au site et peut comprendre les barges, les tuyaux et les pompes standard ou à vidage par le fond.
  5. pose des matériaux de recouvrement
    • placer les matériaux de recouvrement près de la surface de l’eau et laisser le matériau descendre dans la colonne d’eau. Le placement mécanique ou hydraulique peut être nécessaire afin de réduire le risque de remise en suspension des sédiments.
    • surveiller l’uniformité et l’épaisseur du recouvrement, une fois que la couche a eu la chance de se déposer.
    • continuer de poser les matériaux de recouvrement jusqu’à l’obtention de l’uniformité et de l’épaisseur désirées.
    • placer une couche enrochée (par exemple pierres, géotextiles, tapis enrochés) sur le recouvrement, au besoin.
  6. mettre en œuvre un plan de surveillance à long terme afin d’assurer le bon rendement continu du recouvrement et le rétablissement de l’écosystème.

Matériaux et entreposage

Les entrepreneurs peuvent créer des tas de matériel de recouvrement avant la mise en place. Les articles entreposés sur place sont généralement de petites quantités de carburant et de lubrifiant (on utilise généralement une citerne mobile pour faire le plein de carburant), ainsi que diverses fournitures de chantier.

Les matériaux de recouvrement communs sont le sable, le limon, l’argile, le gravier, les pierres de protection et les géotextiles. Ces matériaux devraient être empilés et recouverts sur le site, afin de réduire au minimum la poussière et de les protéger contre les précipitations.

Lorsque le recouvrement comprend des composants de traitement, il est possible d’entreposer aussi ces matières de traitement sur place. Certains des amendements communément employés sont le carbone activé, l’apatite, l’argile organophile, les zéolites, les argiles de faible perméabilité, les nutriments et le fer à valence 0.

Déchets et élimination

  • Les déchets du site sont ceux d’un chantier classique, auxquels peuvent s’ajouter des absorbants carrés usés. Les matériaux de recouvrement excédentaires peuvent être réutilisés ou éliminés selon les lignes directrices locales en matière d’élimination des déchets.
  • Les matériaux de recouvrement et les amendements solubles et flottants peuvent s’introduire dans la colonne d’eau durant la mise en place, causant une charge accrue dans la colonne d’eau et une possible migration en aval. La remise en suspension des contaminants dans la colonne d’eau peut se produire pendant la mise en place du recouvrement des sédiments, ou si le recouvrement est combiné à des technologies d’assainissement in situ.
  • Le ruissellement des eaux de surface provenant des matières non protégées peut pénétrer dans le plan d’eau et nuire au biote indigène. Les matériaux empilés devraient être recouverts ou confinés, et le ruissellement potentiel devrait être recueilli et traité avant d’être rejeté.
  • Les rejets gazeux se limitent habituellement aux systèmes d’échappement des engins, mais peuvent également découler du dégagement gazeux. La biodégradation, en particulier pour les hydrocarbures, peut occasionner des émanations de gaz (dioxyde de carbone, ammoniaque et méthane ou hydrogène sulfuré) sous le recouvrement in situ. Pour prévenir les rejets de gaz dans l’environnement, les évents devraient être compris dans la conception des recouvrements où la formation de gaz potentie

Analyses recommandées dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Analyses chimiques

  • La conductivité
  • La concentration des contaminants présents dans les phases :
    • adsorbées
    • dissoutes
    • libres
  • Répartition des liquides en phase non aqueuse (LPNA) (surface et subsurface)

Analyses physiques

  • L'analyse granulométrique

Analyse hydrogéologique

  • Vitesse au fond
  • Stress du lit
  • Sédimentation grossière
  • Carottes d’échantillonnage des sédiments
  • Taux des flux des sédiments/de l’eau

Essais recommandés dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Sans objet.

Autre information recommandée pour une caractérisation détaillée

Phase II

  • La profondeur et l'étendue de la contamination
  • La présence de récepteurs :
    • la présence de récepteurs potentiels
    • la présence d'infrastructures de surface et souterraines
    • le risque de migration hors site
  • La caractérisation des conditions hydrodynamiques incluent :
    • la courantométrie
    • l'effet des vagues
    • la stabilité du lit
    • etc.
  • La caractérisation physico-chimique des sédiments et de l’eau interstitielle
  • La bathymétrie
  • La caractérisation du milieu physique incluent :
    • la dimension du plan d'eau
    • l'influence des marées
    • le régime des glaces
    • la végétation aquatique
    • la présence de ponts
    • la proximité des terres
    • d'installations maritimes

Phase III

  • Une modélisation hydrogéologique
  • La caractérisation géotechnique du dépôt sédimentaire
  • La caractérisation du benthos
  • L'utilisation actuelle et projetée de l'eau de surface :
    • caractérisation de l'utilisation actuelle et projetée de l'eau de surface et du plan d'eau en général (incluant le tirant d'eau nécessaire pour les bateaux)

Remarques :

Il est recommandé de réaliser des essais géotechniques en laboratoire pour établir le comportement des sédiments et des matériaux de recouvrement.

Nous devons connaître les courants, l’action des vagues et les profils des marées si nous voulons estimer la perte potentielle d’oxydants dans les eaux sus-jacentes.

Applications

Le recouvrement s’applique aux contaminants organiques et inorganiques et constitue une option envisageable pour l’assainissement des sites contaminés dans les conditions suivantes :

  • le risque d’exposition humaine prévu à la contamination des sédiments est élevé et inefficacement contré par les contrôles institutionnels;
  • la contamination concerne une surface continue (les contaminants ne sont pas dispersés à de nombreux endroits différents);
  • les voies navigables ont un faible débit (aucun lit de cours d’eau en rapide érosion), une remontée des eaux souterraines ou un pompage tidal faibles (à un rythme de moins de 1 cm/jour) et des effets de la houle limités;
  • les contaminants sont à la phase solide des sédiments, ou les contaminants sont adsorbés sur la phase solide. Dans certaines conditions, le recouvrement peut s’appliquer à la contamination dissoute dans l’eau interstitielle (l’eau entre les particules de sédiments) et à la contamination en phase libre (par exemple le liquide dense en phase non aqueuse);
  • le recouvrement est optimal à des profondeurs de 1,5 à 15 mètres. En deçà de 1,5 mètre, il n’y a pas assez d’espace de tête pour installer un recouvrement sans altérer considérablement le plan d’eau (par exemple une restriction permanente de la navigation pourrait s’imposer). Bien que les méthodes conventionnelles de mise en place de recouvrements de sable soient inefficaces à des profondeurs supérieures à 15 mètres, c’est faisable avec de l’équipement spécialisé;
  • la réduction des risques à long terme que permet le recouvrement l’emporte sur la sédimentation immédiate et la perturbation de l’habitat potentiellement causées par l’installation du recouvrement;
  • le risque pour l’intégrité du recouvrement posé par le comportement humain est gérable au moyen de contrôles institutionnels, tels que des restrictions relatives au dragage;
  • le recouvrement est compatible avec les utilisations futures des sites et les besoins en matière d’infrastructure (piliers, pieux, câbles enfouis) et les utilisations prévues (navigation, lutte contre les inondations).

Applications aux sites en milieu nordique

L’assainissement des sites dans les environnements du Nord pose des défis particuliers. Les sites sont intrinsèquement éloignés et parfois difficiles d’accès. La majorité de l’équipement requis pour l’assainissement des sites doit être transportée par bateau ou avion, possiblement en provenance d’endroits situés à des centaines de kilomètres, et à prix fort. Les restrictions climatiques (par exemple les températures froides et l’état des glaces) et les brefs créneaux saisonniers pour l’exécution des travaux peuvent limiter les options d’assainissement.

L’assainissement peut nécessiter l’imposition de restrictions ou de limites concernant la consommation d’organismes indigènes en présence de sédiments contaminés. Comme il se peut que les collectivités locales comptent sur les animaux aquatiques (par exemple, les phoques et les baleines) et les poissons comme une importante source de nourriture, ces restrictions peuvent avoir une incidence importante sur les collectivités.

L’emplacement et l’adéquation des matériaux de recouvrement, ainsi que l’équipement spécialisé requis pour la mise en place du recouvrement, peuvent être des facteurs limitatifs clés pour celle-ci dans les régions éloignées et les environnements du Nord. La surveillance à long terme requise pour le recouvrement des sédiments pourrait poser des problèmes logistiques pour les régions éloignées et de coûter très cher si des visites fréquentes aux sites sont nécessaires.

Les zones côtières peu profondes des environnements du Nord sont aussi souvent touchées par l’affouillement glacial des icebergs et de la glace de mer, ce qui limite la faisabilité du recouvrement. Les effets des changements climatiques revêtent une importance particulière pour la gestion à long terme des recouvrements sur les sites nordiques, comme les conditions conceptuelles sont susceptibles d’être modifiées, influant sur la durée de vie du recouvrement.

Type de traitement

Type de traitement
Type de traitementS’applique ou Ne s’applique pas
In situ
S’applique
Ex situ
Ne s’applique pas
Biologique
Ne s’applique pas
Chimique
Ne s’applique pas
Contamination dissoute
S’applique
Contamination résiduelle
S’applique
Contrôle
Ne s’applique pas
Phase libre
Ne s’applique pas
Physique
S’applique
Résorption
Ne s’applique pas
Thermique
Ne s’applique pas

État de la technologie

État de la technologie
État de la technologieExiste ou N'existe pas
Démonstration
Existe
Commercialisation
Existe

Contaminants ciblés

Contaminants ciblés
Contaminants ciblésS'applique, Ne s'applique pas ou Avec restrictions
Biphényles polychlorés
S'applique
Chlorobenzène
S'applique
Composés inorganiques non métalliques
S'applique
Composés phénoliques
Avec restrictions
Explosifs
Avec restrictions
Hydrocarbures aliphatiques chlorés
S'applique
Hydrocarbures aromatiques monocycliques
Avec restrictions
Hydrocarbures aromatiques polycycliques
S'applique
Hydrocarbures pétroliers
S'applique
Métaux
S'applique
Pesticides
S'applique

Durée du traitement

Durée du traitement
Durée du traitementS’applique ou Ne s’applique pas
Moins de 1 an
S’applique
1 à 3 ans
S’applique
3 à 5 ans
Ne s’applique pas
Plus de 5 ans
Ne s’applique pas

Remarques :

Commentaires : La mise en place prend habituellement d’un à quatre mois. Des inspections fréquentes sont requises durant les six premiers mois, période durant laquelle des défaillances du recouvrement ont le plus de risques de se produire.

Considérations à long terme (à la suite des travaux d'assainissement)

La plupart des défaillances de l’intégrité du recouvrement se produisent dans les six premiers mois suivant sa pose (PASCF 2013). Après l’installation du recouvrement, l’environnement naturel exercera une action sur les sédiments et les matériaux de recouvrement, donnant lieu à des changements dans les couches du recouvrement. La bioturbation, l’intrusion d’eaux souterraines, la migration des contaminants et l’érosion peuvent toutes influer sur le succès du recouvrement. Les événements périodiques, tels que des inondations ou des changements des niveaux d’eau, peuvent également modifier les couches du recouvrement. Le succès à long terme du recouvrement des contaminants est possible moyennant une surveillance et un échantillonnage soutenus des matériaux afin d’évaluer l’efficacité et l’intégrité du recouvrement. Les programmes de surveillance du rendement et de la maintenance devraient être financés aussi longtemps que les risques posés par les contaminants demeurent (ce qui peut être à perpétuité) afin de veiller à l’atteinte des objectifs de rendement suivants :

  • l’intégrité chimique du matériau de recouvrement est maintenue au fil du temps et après des événements perturbateurs;
  • l’intégrité physique du matériau de recouvrement est maintenue au fil du temps et après des événements perturbateurs;
  • les répercussions du transport hydrodynamique et des sédiments sur le recouvrement sont acceptables et prévisibles.

La mise en œuvre de contrôles institutionnels (par exemple des interdictions d’ancrage ou de chalutage dans la zone recouverte) peut être nécessaire au succès du recouvrement aux endroits où on peut s’attendre à une activité humaine. L’USEPA (2005) recommande des vérifications annuelles de l’intégrité physique, ainsi qu’un relevé de toute la zone tous les cinq ans.

Produits secondaires ou métabolites

Le recouvrement peut créer des conditions anaérobies dans la couche supérieure des sédiments, entraînant la production de méthane et de sulfure gazeux sous le recouvrement. La biodégradation en anaérobiose de certains composés risque de générer des sous-produits dangereux. Randall et al. (2013) ont découvert que du métylmercure s’était produit sous un recouvrement de sédiments in situ contenant du mercure métallique. Parmi les autres produits chimiques comportant des métabolites, citons le tétrachloroéthène (PCE), une substance commune utilisée dans le nettoyage à sec, ainsi que le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT), un insecticide couramment employé avant 1970. Les métabolites peuvent être préoccupants pour ce qui est du rejet de ces gaz dans l’environnement et du risque que les bulles de gaz forment des fissures ou des fentes compromettant la stabilité du recouvrement.

Limitations et effets indésirables de la technologie

Le principal inconvénient du recouvrement, c’est que les contaminants restent en place, entraînant un risque permanent de pertes de contaminants, de réexposition ou de perturbation des sédiments contaminés. Parmi les autres contraintes liées à l’utilisation du recouvrement comme stratégie d’assainissement, on note :

  • la contamination des sédiments sous-jacents n’est traitée que par l’atténuation naturelle;
  • un risque de migration des contaminants par diffusion et advection, particulièrement lorsque les contaminants présentent les caractéristiques suivantes : se transportent facilement sur l’eau interstitielle, une faible association avec la granulométrie des sédiments et la présence de LPNA;
  • les événements météorologiques extrêmes (tempêtes, inondations et tremblements de terre), de même que les embâcles et l’affouillement glacial, sont susceptibles de compromettre la stabilité d’un recouvrement de sédiments;
  • les conditions physiques des sites (par exemple remontée des eaux souterraines, potentiel de bioturbation importante, incapacité des sédiments d’origine à supporter le poids du recouvrement et accès requis aux structures sous-marines) peuvent restreindre l’utilisation du recouvrement;
  • l’accès aux matériaux de recouvrement et à l’équipement spécialisé nécessaires à l’installation du recouvrement peut limiter la faisabilité de cette technologie à certains endroits;
  • la mise en place du recouvrement peut réduire la profondeur navigable et la capacité d’absorption des crues d’une voie navigable. Il se peut que des contrôles institutionnels soient nécessaires au maintien de l’intégrité du recouvrement (par exemple interdire l’ancrage, la pêche à la drague ou le contact direct avec la coque);
  • la réglementation locale pourrait ne pas permettre le recouvrement dans certains secteurs;
  • la surveillance et la maintenance à long terme du recouvrement sont requises.

Les effets nocifs potentiels comprennent les suivants :

  • une turbidité ou des sédiments en suspension accrus dans la colonne d’eau (dus à la mise en place de matériaux de recouvrement);
  • la remise en suspension de sédiments contaminés, causée par la perturbation de l’interface sédiments-eau pendant l’installation du recouvrement;
  • l’altération permanente ou temporaire de l’habitat benthique et possibilité de modification de l’utilisation par le biote indigène.

Technologies complémentaires améliorant l’efficacité du traitement

Le rendement du recouvrement peut être amélioré par un prétraitement in situ des sédiments, comme la biodégradation ou l’oxydation chimique (Palermo et al., 1998 et ITRC 2014). Avant le recouvrement, le dragage ou l’excavation peut permettre d’éliminer les points sensibles en ce qui concerne les contaminants ou la contamination hautement mobile.

Une forme améliorée de recouvrement, considérée comme un recouvrement modifié, consiste à intégrer des amendements de sédiments et des oxydants au matériau de recouvrement. Le recouvrement modifié emploie les mêmes réactifs que la biodégradation et l’oxydation chimique et peut apporter des améliorations semblables à celles associées aux traitements in situ en tandem. Les réactifs sont par exemple des adsorbants, des oxydants, des déchlorinateurs, des accélérateurs, des biodégradants et des produits qui diminuent la conductivité hydraulique du matériau de recouvrement (par exemple bentonite) et réduisent au minimum le rejet de contaminants dans les zones de bioturbation ou dans la colonne d’eau (ITRC 2014).

Traitements secondaires requis

Aucun traitement secondaire n’est requis, outre la surveillance de la stabilité de la zone recouverte et de la qualité physicochimique de l’eau sus-jacente et du matériau de recouvrement.

Exemples d'application

Des exemples d’applications sont disponibles à ces adresses :

Performance

Le rendement du recouvrement in situ varie en fonction de sa conception, de la consolidation des sédiments, de l’advection, des additifs utilisés, des caractéristiques particulières du site cible et du type de contaminants présents. Pour cette raison, l’efficacité du recouvrement repose sur l’adéquation de la conception et la qualité de l’installation. La durée de vie des projets de recouvrement est tributaire du type et de la quantité de contamination, ainsi que du devenir des contaminants et des mécanismes de transport à l’œuvre dans le recouvrement. L’expérience a montré que la durée de vie prévue était de l’ordre de décennies (Palermo et al. 1998). Les modèles conçus pour l’évaluation du rendement à long terme du recouvrement aux fins de surveillance de la conception ou du recouvrement se sont également améliorés. Lampert et al. (2013) ont pu démontrer les niveaux exacts de contaminants à long terme dans les sites recouverts qui sont contaminés par des HAP, au moyen d’un dispositif d’échantillonnage passif à base de polydiméthylsiloxane et en comparant les résultats aux concentrations d’eau porale mesurées.

Mesures pour améliorer la durabilité de la technologie et/ou favoriser l’assainissement écologique

  • Communiquer avec les intervenants du projet tôt dans le processus de planification de l’assainissement afin de veiller à la détermination et à la prise en compte des contrôles institutionnels et des conséquences écologiques potentiels. Des restrictions liées à l’utilisation pour la navigation et le commerce, et des limites quant aux activités halieutiques et aquatiques, peuvent être nécessaires jusqu’à la réalisation des mesures d’assainissement.
  • Déterminer des indicateurs appropriés (tels que le rebond des habitats ou la réduction du niveau de contaminants dans les tissus des poissons) pour quantifier la durabilité du projet d’assainissement du point de vue environnemental, économique et social, et pour contrôler l’efficacité globale du recouvrement à retenir les contaminants et produire des rapports à cet égard.
  • Cerner des occasions d’améliorer la capacité de production de l’habitat faisant l’objet de l’assainissement, au moyen de matières naturelles.
  • Concevoir un plan propre au site qui réduit la consommation dˆénergie, de matériel et d’eau; réduit au minimum les émissions atmosphériques nocives et les déchets produits; protège les écosystèmes pendant le nettoyage.

Impacts potentiels de l'application de la technologie sur la santé humaine

Impacts sur le milieu aquatique

Les effets potentiels sur la communauté benthique comprennent des changements aux caractéristiques des sédiments, tels que les nutriments et les ressources alimentaires disponibles, une structure et une disponibilité modifiées des habitats et des changements à la salinité, à l’oxygène dissous et à la température. Ces changements peuvent conduire à l’échouement, au déplacement et à la mortalité des organismes benthiques. Des mesures d’atténuation peuvent être envisagées afin de réduire la mortalité benthique et de favoriser le réaménagement et la restauration des habitats. Elles comprennent l’utilisation des sédiments d’origine afin de favoriser le réaménagement, ainsi que l’enlèvement et le remplacement des organismes et des habitats menacés ou vulnérables.

Les activités et les agents de stress associés au recouvrement in situ des sédiments contaminés susceptibles d’avoir des répercussions sur les poissons et leur habitat comprennent les suivants :

  • la mise en place de matériel ou de structures dans l’eau;
  • l’ajout ou l’enlèvement de plantes aquatiques;
  • la modification du moment, de la durée et de la fréquence du débit;
  • l’utilisation d’équipement industriel;
  • la modification du passage du poisson;
  • la gestion des débris organiques.

Les modifications des échéanciers des projets (par exemple programmer les activités de façon à éviter les périodes importantes pour la santé aquatique), la mise en œuvre de mesures de protection de l’environnement (par exemple contrôles institutionnels afin de prévenir l’exposition humaine, enlèvement et remplacement des espèces en péril) et attendre les conditions de site optimales pour la mise en place du recouvrement (par exemple durant les périodes de faible énergie ou débit) sont tous des mesures à même de réduire l’occurrence de répercussions sur l’environnement et la santé humaine découlant de la mise en place du recouvrement.

Effets sur la santé humaine

Grandes voies d’exposition et santé humaine

Traitement in situ

Amendements (par exemple éléments nutritifs, microbes)

Contact avec la peau, inhalation de particules et ingestion accidentelle

Sélection d’amendements non toxiques, dans la mesure du possible Éducation du personnel concernant la sécurité et fourniture d’un équipement de protection individuel approprié et de matériel de protection (par exemple absorbants carrés), au besoin. Suivi des mesures en place pour l’entreposage et la manipulation en toute sécurité afin de réduire au minimum l’exposition, tel que l’énoncent les fiches techniques sur la sécurité du matériel.

Empilement des matériaux utilisés pour le recouvrement

Poussière

Inhalation de particules

Couverture de l’empilement et utilisation d’eau pour supprimer la poussière, au besoin Port d’équipement de protection individuel pendant la manipulation des matières

Sédiments (ruissellement menant à une sédimentation des eaux de surface)

Ingestion d’eau potable; contact direct durant la baignade.

Couverture de l’empilement pour réduire au minimum le ruissellement Surveillance de la charge sédimentaire aux sources d’eau de surface Surveillance des indicateurs visuels de l’érosion des bâtiments (par exemple rigoles : chenaux peu profonds découpés dans le sol par l’action érosive) Utilisation de filtres à limon et d’autres barrières de confinement au besoin

Installation du recouvrement

Poussière

Inhalation de particules

Éviter l’utilisation de matériaux très secs pour la formation de la couche de recouvrement. Appliquer les matériaux de façon qu’ils aient un impact minime pour réduire la formation de poussière. Le personnel devrait être doté d’ÉPI afin de prévenir l’exposition.

Contact avec du béton ou de l’asphalte

Contact avec la peau (brûlures chimiques, brûlures thermiques)

Éducation du personnel concernant la sécurité et fourniture d’un équipement de protection individuel approprié et de matériel de protection (par exemple absorbants carrés), au besoin. Suivi des mesures en place pour l’entreposage et la manipulation en toute sécurité afin de réduire au minimum l’exposition, tel que l’énoncent les fiches techniques sur la sécurité du matériel.

Surveillance

Émanations de gaz de sédiments sous le recouvrement

Inhalation de produits chimiques et odeurs désagréables

Surveiller les niveaux de gaz si des évents ont été installés dans le recouvrement. Surveiller les émanations de gaz au regard des préoccupations liées à la santé humaine et mettre en place des contrôles institutionnels au besoin. Dans la mesure du possible, envisager le torchage du gaz (combustion contrôlée des gaz inflammables au bout d’une torchère, dans le but de réduire le volume de gaz et de maîtriser les odeurs) comme moyen de réduire les odeurs associées à certains composés (méthane, sulfures, etc.).

Références

Auteur et mise à jour

Fiche rédigée par : Bruno Vallée M.Sc, LVM inc.

Dernière mise à jour par : Bruno Vallée, M.SC., LVM inc. and Ashley Hosier, Ing., Collège militaire royal

Date de mise à jour : 3 février 2017

Version :
1.2.5