Fiche descriptive : Vitrification – in situ

De : Services publics et Approvisionnement Canada

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Description

La vitrification in situ est une technologie de réhabilitation thermique qui utilise l'électricité pour chauffer à des températures élevées (1?600 à 2?000 °C) une matrice de sols ou boues contaminés afin de les transformer en un produit vitreux inerte. La majorité des contaminants inorganiques ou radioactifs présents dans la matrice peuvent être vitrifiés tandis que les contaminants organiques sont détruits par pyrolyse ou volatilisés lors du chauffage du sol. Les gaz émis lors du processus de vitrification sont captés à la surface du sol et doivent être traités. Le produit vitreux est chimiquement stable, il est résistant au lessivage et présente des caractéristiques similaires aux roches ignées ou aux basaltes.

La vitrification in situ permet de traiter la contamination inorganique et organique simultanément. Comparativement à d'autres techniques de restauration des sols, le temps de traitement par vitrification in situ est généralement très court.

Liens Internet :

Mise en œuvre de la technologie

La vitrification utilise l’énergie électrique pour créer la chaleur nécessaire à la fusion des sols. Il existe deux méthodes pour produire la chaleur et traiter les sols contaminés, soit la méthode conventionnelle qui utilise des électrodes ou une méthode plus récente qui utilise la technologie de l’arc au plasma.

Dans la méthode conventionnelle, l'électricité requise pour la vitrification provient d’électrodes qui sont insérées dans les sols contaminés et font circuler un courant électrique haute tension entres elles. La chaleur est distribuée dans les sols de surface, puis à mesure que les sols fondent, les électrodes s'enfoncent dans le sol, ce qui augmente la profondeur de distribution de la chaleur. Lorsque le courant électrique est coupé, les sols en fusion refroidissent et se vitrifient en encapsulant et immobilisant les contaminants dans la matière vitrifiée. Ce processus dépend de la présence d'oxydes de métaux alcalins dans les sols à traiter afin d'assurer un bon équilibre entre la conductivité électrique et la température de fusion. Une trop grande teneur en métaux alcalins augmente la conductivité jusqu'à un point où le chauffage est insuffisant. Si la teneur en silice du sol est suffisamment élevée, les sols contaminés peuvent être vitrifiés.

Lors du traitement, la mise en place d’une hotte de vapeur au-dessus de la zone à traiter (zone traitée par section) est nécessaire afin de capter les gaz résiduels et les diriger vers une unité de traitement. La chaîne de traitement consiste généralement en un système qui refroidit les gaz à une température de 100 à 400 °C et peut inclure pour le traitement un laveur de gaz, un séparateur air-liquide, des filtres à particules et de charbon actif oxydant par lesquels les gaz résiduels circulent. Dans certaines applications, un oxydant thermique est utilisé pour traiter les gaz résiduels avant qu’ils ne soient rejetés dans l’atmosphère. Les liquides du laveur de gaz peuvent également nécessiter un traitement secondaire.

La vitrification in situ effectuée à l’aide de la technologie de l’arc au plasma a été démontrée, mais n’a pas encore été commercialisée. Le processus consiste à abaisser une torche à plasma dans un trou tubé et à entreprendre une fusion en colonne de bas en haut. La torche peut atteindre des températures supérieures à 7?000 °C et, théoriquement, elle peut fonctionner à n'importe quelle profondeur. Les gaz résiduels sont collectés dans une hotte et traités.

Après la vitrification, la surface du sol dans la zone traitée s’enfonce légèrement, ainsi des sols propres doivent être importés afin de remblayer et de niveler la zone traitée.

La mise en œuvre d’une réhabilitation par vitrification in situ peut inclure :

  • la mobilisation, l’accès au site et la mise en place d’installations temporaires;
  • l’assèchement des sols (abaissement du niveau de la nappe phréatique) si requis;
  • la mise en place d’un système d’approvisionnement en énergie électrique;
  • l’installation et l’insertion des électrodes à haute tension dans les sols;
  • l’installation de canalisation de transport de la vapeur, un système de traitement des gaz et de contrôle des émissions atmosphériques;
  • la remise en état du site à la suite des travaux de vitrification.

Matériaux et entreposage

La mise en place de la vitrification in situ requiert l’installation de certains équipements spécialisés. De l'équipement commercial transportable est disponible pour le processus de traitement. Les produits chimiques comprennent des additifs qui sont mélangés au sol, soit des oxydes de métaux alcalins.

Lors de l’installation et du traitement, une grue et d’autres équipements de soutien sont nécessaires. La grue est utilisée pour monter la hotte pendant l'assemblage, pour déplacer la hotte sur chaque zone de sols avant le traitement et pour installer les électrodes avant le traitement. D'autres équipements, tels qu'un chariot élévateur, peuvent être nécessaires pour déplacer les équipements sur le site.

L’électricité nécessaire peut être fournie par l'intermédiaire d'une remorque contenant des générateurs au diesel dans les cas où la construction d’une connexion au réseau électrique serait irréalisable. Les coûts d'utilisation de l'électricité générée par le diesel sont cependant généralement plus élevés.

La hotte de récupération des gaz et le système de traitement peuvent être construits sur place ou préalablement assemblés et acheminés au site.

Des équipements de terrassement (pelle mécanique, camion à benne, chargeur, etc.) sont nécessaires afin de remblayer l'affaissement des zones traitées.

Résidus et rejets

La vitrification produit des résidus solides et gazeux. La matière résiduelle issue de cette technique de réhabilitation est la masse de sols vitrifiés qui demeure en place après le traitement. Cette masse peut prendre jusqu’à un ou deux ans avant de refroidir complètement.

Les matériaux adsorbants usés (charbon activé) ou les autres résidus et rejets issus du traitement des gaz résiduels doivent être récupérés et disposés hors site, dans un centre autorisé.

La mise en place du système pourrait mener à la gestion de sols contaminés résultant des activités de forage ou d’excavation. Dans ce cas, ces sols doivent être éliminés hors site.

Analyses recommandées dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Analyses chimiques

  • pH
  • La teneur en matière organique
  • La concentration des métaux
  • La concentration des contaminants présents dans les phases :
    • adsorbées

Analyses physiques

  • La teneur en eau du sol
  • L'analyse granulométrique
  • La conductivité thermique du sol
  • La composition minéralogique des sols (pourcentage de silice)

Essais recommandés dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Essais physiques

  • Relevé des vapeurs

Essais hydrogéologiques

  • Essai de perméabilité

Autre information recommandée pour une caractérisation détaillée

Phase II

  • La profondeur et l'étendue de la contamination
  • La présence de récepteurs potentiels

Phase III

  • La stratigraphie du sol
  • Le volume de sol à traiter
  • Une modélisation hydrogéologique
  • La connaissance détaillée de la géologie et de l'hydrogéologie incluant :
    • la direction d'écoulement des eaux souterraines
    • la conductivité hydraulique
    • les fluctuations saisonnières
    • le gradient hydraulique

Remarques :

Certains contaminants ne peuvent pas être traités avec cette technique de réhabilitation des sols, et des essais de traitabilité en laboratoire et in situ sont requis. La caractérisation complète du milieu et de tous les contaminants présents sur le site, avant l’installation du système de vitrification, est essentielle afin d’identifier et de mesurer les composants vitreux déjà présents dans la matrice de sols contaminés, afin de déterminer si l’ajout de stabilisateurs minéraux est requis et pour planifier la gestion de la nappe souterraine (si nécessaire). Durant le processus de vitrification, des analyses de la matrice des sols doivent être prévues pour déterminer le type de matériau vitreux qui est en cours de formation, et pour prévoir des solutions rapides (par exemple : ajout d’agent stabilisateur) afin d’assurer la réussite de la vitrification.

Applications

  • La technique de vitrification peut éliminer les contaminants organiques et immobiliser la majorité des contaminants inorganiques des sols et boues contaminés;
  • Une quantité minimum (1,4 % de la masse totale de la matrice contaminée) de composés alcalins (sodium, oxydes de potassium, etc.) est requise afin d'assurer la réussite du processus de vitrification;
  • Le processus de vitrification est efficace dans le cas d'une contamination située à la surface du sol. Toutefois, de nouvelles techniques permettent d'atteindre des profondeurs de traitement allant jusqu'à 10 m;
  • La vitrification peut traiter des sites à forte teneur en argile et en humidité, bien que les coûts de traitement augmentent avec la teneur en eau;
  • Le traitement dans un aquifère perméable peut nécessiter un assèchement des sols et, si la zone à traiter contient un pourcentage élevé de vides, un compactage dynamique est recommandé préalablement aux travaux.

Applications aux sites en milieu nordique

Les sites éloignés sont sujets à des coûts élevés de mobilisation et de surveillance, une disponibilité limitée d'équipement et des périodes de travail courtes. Comme cette technique de réhabilitation nécessite une consommation élevée d'énergie, la vitrification n'est pas bien adaptée aux milieux nordiques et éloignés. De plus, le froid peut nuire à la vitrification.

Type de traitement

Type de traitement
Type de traitementS’applique ou Ne s’applique pas
In situ
S’applique
Ex situ
Ne s’applique pas
Biologique
Ne s’applique pas
Chimique
S’applique
Contamination dissoute
Ne s’applique pas
Contamination résiduelle
S’applique
Contrôle
S’applique
Phase libre
Ne s’applique pas
Physique
S’applique
Résorption
S’applique
Thermique
S’applique

État de la technologie

État de la technologie
État de la technologieExiste ou N'existe pas
Démonstration
Existe
Commercialisation
Existe

Contaminants ciblés

Contaminants ciblés
Contaminants ciblésS'applique, Ne s'applique pas ou Avec restrictions
Biphényles polychlorés
S'applique
Chlorobenzène
S'applique
Composés inorganiques non métalliques
S'applique
Composés phénoliques
Avec restrictions
Explosifs
Ne s'applique pas
Hydrocarbures aliphatiques chlorés
S'applique
Hydrocarbures aromatiques monocycliques
S'applique
Hydrocarbures aromatiques polycycliques
Avec restrictions
Hydrocarbures pétroliers
Avec restrictions
Métaux
S'applique
Pesticides
Avec restrictions

Durée du traitement

Durée du traitement
Durée du traitementS’applique ou Ne s’applique pas
Moins de 1 an
S’applique
1 à 3 ans
Ne s’applique pas
3 à 5 ans
Ne s’applique pas
Plus de 5 ans
Ne s’applique pas

Considérations à long terme (à la suite des travaux d'assainissement)

Le secteur en aval du site doit être suivi après l'application du traitement pour s'assurer qu'aucun contaminant ne se dégage du matériau vitrifié.

Produits secondaires ou métabolites

  • La chaleur utilisée dans le processus de vitrification peut détruire les composés toxiques en produisant des composés secondaires et en libérant des gaz toxiques à la surface du sol;
  • Les émissions gazeuses lors du processus de vitrification doivent être captées et traitées;
  • Le processus de vitrification volatilise rapidement les composés organiques volatils et semi-volatils ainsi que les radionucléides volatils tels que le césium-137, le strontium-90 et le tritium (hydrogène-3).

Limitations et effets indésirables de la technologie

  • La profondeur de traitement limite l'application de la vitrification;
  • La réhabilitation du site peut stresser et altérer l'intégrité du matériau vitrifié et affecter sa capacité à maintenir l'immobilisation des contaminants;
  • La présence de matériau vitrifié peut réduire les possibilités d'utilisation du site après restauration;
  • La technique de vitrification ne peut être utilisée lorsqu'il y a des infrastructures souterraines sur le site contaminé;
  • La présence de déchets enterrés tels que des barils, de la tuyauterie, etc. ne peut excéder 20 % de la masse totale de la matière contaminée;
  • Le chauffage de la matrice contaminée peut causer la migration de certains contaminants vers une zone non contaminée;
  • La technique de vitrification ne peut être utilisée en présence d'explosifs ou de contaminants inflammables;
  • L'application de la technique à des zones contaminées, situées sous la nappe phréatique, nécessite le contrôle du niveau de la nappe et de la recharge;
  • La technique nécessite l'utilisation de lignes à haut voltage, ce qui représente un danger potentiel pour la santé et la sécurité sur le site lors de la réhabilitation;
  • La technique de vitrification implique des coûts en énergie élevés, ce qui augmente les frais d'utilisation.

Technologies complémentaires améliorant l’efficacité du traitement

  • La technique de vitrification réduit le volume et la mobilité des radionucléides, mais ne réduit pas leur radioactivité. Une barrière protectrice est nécessaire afin de limiter l'exposition aux émissions de radioactivité;
  • Les sols humides doivent être séchés afin d'éviter la formation de vapeur lors du traitement de vitrification et afin d'éviter des éclaboussures de matière en fusion à la surface du sol.

Traitements secondaires requis

  • Les émissions gazeuses doivent être capturées et traitées;
  • Le secteur en aval du site doit être suivi après l'application du traitement pour s'assurer qu'aucun contaminant ne se dégage du matériau vitrifié.

Exemples d'application

La technique de vitrification a été testée en essais pilotes et sur les sites contaminés suivants :

  • Geosafe Corporation's test site
  • DOE's Hanford Nuclear Reservation
  • DOE's Oak Ridge National Laboratory
  • DOE's Idaho National Engineering Laboratory

Les sites suivants fournissent des exemples d’applications :

Performance

Le processus de vitrification a été testé en essai pilote pour des composés organiques volatils et semi-volatils, des composés organiques comme les dioxines et furannes et les biphényles polychlorés, et pour plusieurs composés inorganiques. Les effets de l'altération à long terme du matériau vitrifié peuvent affecter significativement la stabilité du matériel vitrifié. Le potentiel de mobilité des contaminants à long terme ne peut être évalué que par des essais en laboratoire ou des essais pilotes.

La technique de vitrification a été testée sur plus de 170 sites contaminés d'importance variable et contenant des sols ou des boues. Cependant, la technique n’est offerte que par très peu de compagnies privées.

Mesures pour améliorer la durabilité de la technologie et/ou favoriser l’assainissement écologique

  • Optimisation de l’installation des dispositifs qui fournit l’énergie afin de réduire les besoins en énergie;
  • Optimisation de la période de l’année à laquelle le processus est en fonction afin de diminuer les coûts en énergie. Éviter de faire les travaux en périodes hivernales;
  • Optimisation du calendrier afin de favoriser le partage des ressources et réduire le nombre de jours de mobilisation;
  • Utilisation d’équipements à haute efficacité énergétique;
  • Optimisation du procédé pour réduire les déchets et les produits consommables;
  • Utilisation de déchets ou de produits dérivés de procédés industriels, s’ils sont pertinents, comme additifs ou réactifs.

Impacts potentiels de l'application de la technologie sur la santé humaine

Poussière

Ne s’applique pas

S. O.

Émissions atmosphériques/de vapeur – sources ponctuelles ou cheminées

S’applique

Surveillance des émissions (choix des paramètres, des types d’échantillons et du type d’intervention [fonction de la source, du risque ou des exigences locales])

Émissions atmosphériques/de vapeur – sources non ponctuelles

S’applique

Surveillance des émissions (choix des paramètres, des types d’échantillons et du type d’intervention [fonction de la source, du risque ou des exigences locales])

Air/vapeur – sous-produits

S’applique

Surveillance des émissions (choix des paramètres, des types d’échantillons et du type d’intervention [fonction de la source, du risque ou des exigences locales])

Ruissellement

Ne s’applique pas

S. O.

Eau souterraine – déplacement

S’applique (si l'assèchement des sols est nécessaire)

Modélisation des effets du pompage requis et surveillance à l’aide de capteurs de pression

Eau souterraine – mobilisation chimique/géochimique

S’applique

Surveillance de la qualité de l’eau souterraine

Eau souterraine – sous-produit

Ne s’applique pas

S. O.

Accident/défaillance – dommage aux services publics

S’applique

Vérification des dossiers et obtention des permis préalables aux travaux, élaboration de procédures de forage et d’intervention d’urgence

Accident/défaillance – fuite ou déversement

S’applique

Examen des risques, élaboration de plans d’intervention en cas d’accident et d’urgence, surveillance et inspection des conditions dangereuses

Accident/défaillance – incendie/explosion

S’applique

Examen des risques, élaboration de plans d’intervention en cas d’accident et d’urgence, surveillance et inspection des conditions dangereuses

Autre – manipulation des sols, boues et/ou sédiments contaminés

S’applique

Examen des risques, élaboration de plans d’intervention en cas d’accident et d’urgence, surveillance et inspection des conditions dangereuses

Autre – émission de matière en fusion

S’applique

Examen des risques, élaboration de plans d’intervention en cas d’accident et d’urgence, surveillance et inspection des conditions dangereuses

Références

Auteur et mise à jour

Fiche rédigée par : Josée Thibodeau, M.Sc, Conseil national de recherches

Mise à jour par : Martin Désilets, B.Sc., Conseil national de recherches

Date de mise à jour : 27 novembre 2013

Dernière mise à jour par : Nathalie Arel, P.Eng., M.Sc., Christian Gosselin, P.Eng., M.Eng. and Sylvain Hains, P.Eng., M.Sc., Golder Associés Ltée

Date de mise à jour : 22 mars 2019

Version :
1.2.5