Fiche descriptive : Marais artificiel

De : Services publics et Approvisionnement Canada

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Description

Les marais artificiels sont des zones humides spécialement aménagées pour recevoir et éliminer ou filtrer divers types de contaminants qui peuvent être présents dans l'eau de surface, l'eau souterraine ou l'eau de ruissellement. Ils sont conçus pour recréer la structure et la fonction d’une zone humide naturelle, pour agir en tant que filtre ou élément purificateur. Dans ce système autonome, les mécanismes abiotiques (physiques et chimiques) et biotiques (microbiens et phytologiques) peuvent agir seuls, de façon séquentielle ou simultanément sur les contaminants ou sur les microorganismes pathogènes. Les eaux de ruissellement, l'eau de drainage d'origine minière et les eaux usées municipales, industrielles ou agricoles sont des exemples d’effluents qui peuvent être traités en utilisant cette technologie.

L'utilisation de cette technologie permet le traitement d'une grande variété de contaminants tels les hydrocarbures, les composés azotés et phosphatés, les métaux et les microorganismes pathogènes. La technologie permet aussi de filtrer les matières en suspension et rétablir les niveaux d’oxygène. Certains contaminants sont transformés en substances moins nocives ou dangereuses, tandis que d’autres sont transportés, immobilisés ou concentrés dans le substrat. Lors de la conception d'un marais artificiel, il est possible d'optimiser les paramètres afin de valoriser les mécanismes nécessaires au traitement de contaminants spécifiques.

Liens internet :

Mise en œuvre de la technologie

Les marais artificiels sont classés en deux groupes principaux : les marais à écoulement en surface et les marais à écoulement souterrain.

Les marais à écoulement en surface imitent le mieux les marais naturels. Ils sont constitués de bassins peu profonds dans le sol ou de tout autre support capable de soutenir les racines des plantes. Ils sont généralement constitués d’un fond en sol et d’une végétation émergente. L’eau de surface qui s’y trouve est exposée à l’atmosphère et se déplace à travers la zone humide (base du marais constituée de sols, de gravier, de sédiments, etc.) à faible vitesse. Les plantes de ce système sont adaptées aux milieux aquatiques et sont capables de supporter des conditions de sols continuellement saturés, ainsi que conditions anaérobies qui peuvent être rencontrées sous la surface de l’eau et dans les sédiments se trouvant au fond du marais.

Les marais à écoulement souterrain sont généralement constitués d'un bassin contenant un substrat poreux composé de roches, de gravier ou de sable. Ces marais peuvent être conçus pour un écoulement horizontal ou vertical, permettant à l’eau située sous la surface du sol, mais près de celle-ci de s’écouler au travers des milieux perméables racinaires qui se trouvent à la base du marais.

Dans tous les cas, les marais artificiels doivent être construits de manière à assurer la saturation périodique nécessaire au développement des plantes ainsi qu’à permettre une rétention de l’eau suffisamment longue pour éliminer les composés inorganiques et organiques, les nutriments ou les agents pathogènes.

La mise en œuvre d’un tel système peut inclure :

  • la mobilisation, l’accès et la préparation du site;
  • l’excavation des sols à l’endroit prévu pour la création du bassin;
  • l’imperméabilisation de sa base (argile ou barrière synthétique), si requis, pour empêcher la percolation vers les sols sous-jacents et la mise en place des substrats (sols, sédiments, graviers, etc.);
  • la mise en place des substrats nécessaires pour favoriser le traitement et la croissance des plantes sélectionnées en fonction du type d’effluent traité, de l’environnement climatique du site, ainsi que des objectifs de traitement;
  • la mise en place d’un élément oxygénateur, si nécessaire.

Matériaux et entreposage

Les travaux de construction ont généralement peu d’impact et requièrent peu de matériel sur le site. Les matériaux principaux à considérer pour la construction d’un marais artificiel sont :

  • bassins
  • substrats perméables
  • végétation spécifique au site
  • membrane imperméable
  • système d’entrée/sortie de l’eau
  • ajout de nutriments, si nécessaire

L’entreposage est principalement lié aux composés utilisés dans le système et aux procédés d’application.

Résidus et rejets

En général, les marais artificiels éliminent ou filtrent les contaminants. Certains résidus, tels que les substrats mis en place lors de l’aménagement du bassin ou des boues et des solides provenant des effluents ayant circulé dans le bassin,peuvent s’accumuler lors de ce traitement.

Les sols ou les boues résultant du traitement doivent être récupérés et peuvent être remis sur le site ou disposés hors site. La nature de ces rejets devra être déterminée afin d’en faire une disposition adéquate.

Après la fin du traitement, les résidus végétaux doivent être manipulés, entreposés et éliminés de façon adéquate.

Les eaux traitées à l’intérieur du marais artificiel sont rejetées après leur passage dans le marais. Elles se doivent de respecter les critères applicables au point de sortie du marais. Dans le cas contraire, en présence de sous-produits ou d’un pH inacceptable pouvant représenter un danger pour les récepteurs, elles doivent être pompées et disposées de façon adéquate.

Analyses recommandées dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Analyses biologiques

  • Le dénombrement de la population bactérienne hétérotrophe totale et de la population bactérienne spécifique (selon le ou les contaminants d’intérêt)

Analyses chimiques

  • pH
  • L'alcalinité
  • Le potentiel d'oxydoréduction (Eh)
  • La concentration des métaux
  • La concentration des contaminants présents dans les phases :
    • adsorbées
    • dissoutes
    • libres
  • La concentration des nutriments incluant :
    • l'azote ammoniacal
    • l'azote total Kjeldahl
    • les nitrates
    • les nitrites
    • le phosphore total
  • La concentration des accepteurs d'électrons/sous-produits de réaction suivants :
    • l'oxygène dissous
    • le nitrate
    • les sulfates
    • le fer ferrique et ferreux
    • le méthane
    • le manganèse dissous
  • Les matières en suspension

Analyses physiques

  • La température
  • Les caractéristiques physiques du contaminant incluent :
    • la viscosité
    • la densité
    • la solibilité
    • la pression de la vapeur
    • etc.

Essais recommandés dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Essais biologiques

  • Essai de minéralisation en microcosmes
  • Mésocosme
  • Essais en serre
  • Essais de toxicité

Autre information recommandée pour une caractérisation détaillée

Phase II

  • Une topographie détaillée
  • Les conditions climatiques régionales (précipitations, température, etc.)

Phase III

  • Bilan hydrologique
  • Temps de résidence

Applications

  • S'applique aux contaminants pouvant être dégradés ou transformés en conditions aérobies ou anaérobies;
  • Permet le traitement des eaux usées à même le site où elles sont produites;
  • Permet le traitement des eaux usées industrielles provenant des raffineries de pétrole, des industries de pâtes et papiers, des usines de production de peinture, des industries textiles et des usines de production de fécule;
  • Permet le traitement des eaux usées agricoles incluant l'eau de drainage, les écoulements et les rejets des élevages d'animaux;
  • Permet le traitement des eaux usées municipales et domestiques telles les eaux d'égout;
  • Permet le traitement des eaux de drainage acides rejetées par l'industrie minière;
  • Permet le traitement des écoulements d'eaux usées résultant des tempêtes;
  • Permet le traitement des rejets d'écoulement des dépotoirs.

Applications aux sites en milieu nordique

Les marais artificiels peuvent demeurer opérationnels en milieu nordique, cependant, l’aménagement et l’installation doivent être adaptés afin d’éviter les problèmes de gel. De plus, le système ne peut être utilisé en période hivernale si les températures sont trop basses. Les recommandations pour un système plus efficace en milieu nordique sont les suivantes :

  • Relever le niveau d’eau des marais à écoulement en surface pour maintenir une épaisseur minimale sous le couvert de glace;
  • Faire un suivi plus rigoureux des installations;
  • Favoriser la construction de marais à écoulement souterrain;
  • Sélectionner des espèces de plantes tolérantes aux conditions météorologiques prévues. Par exemple, la lenticule (lemna sp.) peut tolérer des températures minimales de 5 °C.

Type de traitement

Type de traitement
Type de traitementS’applique ou Ne s’applique pas
In situ
Ne s’applique pas
Ex situ
S’applique
Biologique
S’applique
Chimique
S’applique
Contamination dissoute
S’applique
Contamination résiduelle
Ne s’applique pas
Contrôle
Ne s’applique pas
Phase libre
Ne s’applique pas
Physique
S’applique
Résorption
S’applique
Thermique
Ne s’applique pas

État de la technologie

État de la technologie
État de la technologieExiste ou N'existe pas
Démonstration
N'existe pas
Commercialisation
Existe

Contaminants ciblés

Contaminants ciblés
Contaminants ciblésS'applique, Ne s'applique pas ou Avec restrictions
Biphényles polychlorés
S'applique
Chlorobenzène
Avec restrictions
Composés inorganiques non métalliques
S'applique
Composés phénoliques
S'applique
Explosifs
Avec restrictions
Hydrocarbures aliphatiques chlorés
S'applique
Hydrocarbures aromatiques monocycliques
S'applique
Hydrocarbures aromatiques polycycliques
S'applique
Hydrocarbures pétroliers
S'applique
Métaux
S'applique
Pesticides
Avec restrictions

Durée du traitement

Durée du traitement
Durée du traitementS’applique ou Ne s’applique pas
Moins de 1 an
Ne s’applique pas
1 à 3 ans
Ne s’applique pas
3 à 5 ans
S’applique
Plus de 5 ans
S’applique

Considérations à long terme (à la suite des travaux d'assainissement)

À la suite du traitement et à la fin de la vie utile du marais artificiel, la litière, la végétation et les solides se trouvant accumulés dans les marais artificiels peuvent devoir être enlevés. Dans ce cas, des analyses doivent être réalisées afin de déterminer leur mode de gestion et de pouvoir en disposer de façon adéquate, dépendamment des concentrations en contaminants présentes.

Produits secondaires ou métabolites

Les processus biologiques en conditions anaérobies peuvent générer des odeurs désagréables. Une conception appropriée et le contrôle de l’apport en matières organiques peuvent minimiser le dégagement d'odeurs.

Limitations et effets indésirables de la technologie

  • Un terrain présentant les dimensions appropriées doit être disponible pour l’aménagement. Selon les débits d’eau à traiter, l’espace nécessaire peut être important;
  • L'efficacité du traitement varie en fonction des conditions environnementales et météorologiques;
  • Les composantes biologiques du système sont sensibles aux composés chimiques toxiques tels que l'ammoniaque et les pesticides;
  • L'efficacité du traitement peut être temporairement réduite s'il y a un apport important de contaminants ou un afflux d'eau supérieur à celui qui est prévu;
  • Un niveau d'eau minimum est requis, car un assèchement total peut être létal pour le système;
  • Les niveaux d’oxygène peuvent varier en fonction de la diffusion atmosphérique, du vent et de la quantité d’algues ou de macrophytes disponibles pour introduire de l’oxygène dans le système.

Technologies complémentaires améliorant l’efficacité du traitement

Un prétraitement minimal des eaux usées et des eaux souterraines avant le déchargement de l'eau dans le marais artificiel peut entraîner une réduction des frais de fonctionnement et des coûts d'investissement. Un marais artificiel peut être combiné à une série de différents processus de traitement tels des étangs de sédimentation, des séparateurs d'huile et d'eau et des méthodes de traitement physiques (filtration, etc.) ou chimiques (ajout de produits chimiques pour la réduction du phosphore, etc.). Les marais artificiels peuvent également être utilisés en tant que traitement de polissage suivant d'autres traitements ex situ.

Traitements secondaires requis

  • Un ajustement du pH peut être nécessaire à la sortie du système;
  • L'aération des effluents du système peut être requise si les niveaux d'oxygène dissous sont trop faibles. L'installation d'une cascade au point de sortie peut être suffisante;
  • Un aérateur de cascade peut être nécessaire pour l'oxydation et la précipitation du fer si les concentrations présentes dans les eaux souterraines sont élevées.

Exemples d'application

Performance

Plusieurs facteurs affectent la performance des marais artificiels, incluant la concentration, la solubilité, la toxicité et d'autres propriétés chimiques des contaminants. Les marais artificiels peuvent diminuer de façon importante la demande en oxygène biologique, les matières en suspension, les concentrations en azote, en métaux, la teneur en matière organique et la présence de microorganismes pathogènes. Cependant, les taux de retrait sont fortement variables et sont fonction des caractéristiques de l’eau à traiter. L'efficacité observée pour l’abaissement de la demande en oxygène biologique et pour les matières en suspension varie habituellement entre 70 et 90 %; pour l'azote, les taux de diminution se situent entre 60 et 86 % et entre 97 et 99 % pour le cuivre, le zinc et le cadmium. Les marais artificiels démontrent une performance à long terme, requièrent peu d'entretien et de modifications et conséquemment, entraînent peu de coûts d’opération.

Mesures pour améliorer la durabilité de la technologie et/ou favoriser l’assainissement écologique

  • Optimisation du calendrier afin de favoriser le partage des ressources et réduire le nombre de jours de mobilisation;
  • Utilisation d’énergie renouvelable et d’équipements à faible consommation d’énergie, comme l’aération à partir de cascades au lieu d’équipements électriques;
  • Choix d’amendements requérant moins d’énergie pour la production;
  • Optimisation des débits d’air et d’eau pour réduire la taille des équipements et la consommation d’énergie;
  • Limiter le nombre de visites sur le terrain en utilisant la télémétrie pour la surveillance à distance des conditions du site.

Impacts potentiels de l'application de la technologie sur la santé humaine

Poussière

S’applique seulement pendant la construction

Surveillance des conditions favorables à la dispersion des particules de sols

Émissions atmosphériques/de vapeurs – sources ponctuelles ou cheminées

Ne s’applique pas

S. O.

Émissions atmosphériques/de vapeurs – sources non ponctuelles

S’applique (potentiellement par phytovolatilisation)

Selon les particularités de chaque site : Échantillonnage et analyse des tissus végétaux et des gaz de transpiration

Air/vapeur – sous-produits

S’applique (potentiellement par phytovolatilisation)

Selon les particularités de chaque site : Échantillonnage des tissus végétaux et des gaz de transpiration

Ruissellement

S’applique

Surveillance des niveaux d’eau

Eau souterraine – déplacement

Ne s’applique pas

S. O.

Eau souterraine – mobilisation chimique/géochimique

Ne s’applique pas

S. O.

Eau souterraine – sous-produit

S’applique pour les marais à écoulement souterrain

Surveillance de la qualité de l’eau souterraine

Accident/défaillance – dommage aux services publics

S’applique

Vérification des dossiers et obtention des permis préalables aux travaux d’excavation, élaboration de procédures d’excavation et d’intervention d’urgence

Accident/défaillance – fuite ou déversement

S’applique

Dans le cas de débordement du bassin ou d’inondation potentielle : examen des risques, élaboration de plans d’intervention en cas d’accident et d’urgence, surveillance et inspection des conditions favorables à une fuite ou déversement

Accident/défaillance – incendie/explosion

Ne s’applique pas

S. O.

Autre – Contact direct avec les boues du marais artificiel qui peut contenir des bactéries pathogènes (dans le cas d’effluents municipaux)

S’applique

Examen des risques, élaboration de plans d’intervention en cas d’accident et d’urgence, surveillance et inspection des conditions dangereuses

Autre – récupération des sols et/ou de boues contaminés

S’applique

Examen des risques, élaboration de plans d’intervention en cas d’accident et d’urgence, surveillance et inspection des conditions dangereuses

Références

Auteur et mise à jour

Fiche rédigée par : Claudie Bonnet, M. Sc. , Conseil national de recherches

Mise à jour par : Karine Drouin, M.Sc., Conseil national de recherches

Date de mise à jour : 26 novembre 2013

Dernière mise à jour par : Nathalie Arel, P.Eng., M.Sc., Christian Gosselin, P.Eng., M.Eng. and Sylvain Hains, P.Eng., M.Sc., Golder Associés Ltée

Date de mise à jour : 22 mars 2019

Version :
1.2.5