Fiche descriptive : Lavage, lessivage ou extraction chimique des sols – in situ

De : Services publics et Approvisionnement Canada

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Description

Le lavage des sols in situ, aussi appelé lessivage des sols ou extraction chimique, inclut les technologies in situ de réhabilitation des sols qui utilisent une solution de lavage (exemple : solvants, acides, agents chélateurs, polymères) afin de mobiliser les contaminants organiques ou inorganiques vers un système de récupération des eaux souterraines.

Le lavage de sols in situ implique l'injection en continu de la solution de lavage dans la zone saturée en amont de la contamination et son pompage en aval, afin de favoriser sa migration au travers la zone contaminée et permettre la récupération des contaminants et de la solution de lavage. Dans le cas où la contamination est localisée dans la zone vadose, la solution de lavage peut être injectée directement à partir de la surface du sol au-dessus du secteur contaminé. Le lavage des sols est généralement utilisé afin de compléter le traitement ou d'améliorer la performance de techniques conventionnelles de pompage et de traitement de l'eau souterraine.

Les solutions de lavage des sols peuvent être de l'eau, des surfactants, des cosolvants, des acides, des bases, des oxydants chimiques, des agents chélateurs ou des solvants organiques. Les surfactants et les cosolvants, ou un mélange de ceux-ci sont les plus couramment utilisés. La solution de lavage est sélectionnée en fonction des propriétés physiques des contaminants présents, de la géochimie des eaux souterraines et de la nature des sols en place.

Liens Internet :

Mise en œuvre de la technologie

Le lavage des sols in situ requiert la mise en place de plusieurs éléments permettant l’injection puis la récupération de la solution de lavage. Ainsi, des puits ou des tranchées doivent être aménagés en amont de la zone de contamination afin de permettre l’injection de la solution de lavage par gravité ou sous pression. Les équipements nécessaires à cette injection (réservoirs, pompes, tuyauteries, etc.) doivent aussi être mis en place à proximité. Des puits ou des tranchées doivent aussi être aménagés en aval de la zone contaminée afin de pouvoir pomper l’eau souterraine et récupérer la solution qui aura migré au travers la contamination. Des équipements de pompage et de traitements de l’eau pompée seront mis en place à proximité. Dans certains cas, la solution de lavage est séparée de l’eau extraite et réutilisée alors que dans d’autres, l’eau est simplement traitée puis rejetée.

L’emplacement, la profondeur et la quantité de puits d’injection et d’extraction dépendent des facteurs géologiques, hydrogéologiques et des considérations d’ingénierie. Certains équipements, comme le système de traitement, devront être transportés et construits sur le site.

Les caractéristiques des contaminants de même que les propriétés du sol à traiter et la géochimie de l’aquifère doivent être connues pour déterminer le type et la concentration de la solution de lavage optimale.

La mise en œuvre d’un traitement par lavage des sols in situ peut inclure :

  • la préparation du site pour la mise en place des équipements;
  • l’aménagement des puits, des tranchées ou des drain d’injection et d’extraction;
  • la mise en place des systèmes de mélange, de maintien et de distribution de la solution de lavage;
  • la construction du système de confinement (physique ou hydraulique) ou d’extraction;
  • la mise en place du système de traitement des eaux extraites, en surface; (séparation de la solution de rinçage et traitement des eaux souterraines)
  • le rejet de l’eau traitée.

Matériaux et entreposage

  • L’aménagement des puits d’injection et d’extraction est exécuté à l’aide de méthodes et d’équipement traditionnels/courants facilement disponibles pour des travaux d’installation de puits, de système de drainage ou de service public;
  • Le système de traitement peut être construit sur place ou être préassemblé et acheminé sur le site à l’intérieur d’un conteneur, sur une remorque ou un camion;
  • Le fonctionnement du système de traitement nécessite de l’énergie et des produits tels que des solutions d’extraction, de l’eau, etc.;
  • Les activités d’aménagement de ce type de système ont généralement peu d’impact, mais nécessitent l’entreposage sur le site, notamment la solution de lavage, les résidus produits (sols traités, eaux souterraines traitées, etc.), l’unité de traitement et les produits chimiques associés au traitement, le cas échéant.

Résidus et rejets

L’eau souterraine pompée et traitée doit respecter les critères applicables pour son rejet.

Les émanations ou vapeurs contaminées résultant du traitement des eaux usées du procédé sont collectées et traitées.

Analyses recommandées dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Analyses chimiques

  • pH
  • Le contenu en carbone organique
  • La capacité d'échange cationique (CEC)
  • L'extraction séquentielle de Tessier pour les métaux
  • La concentration des contaminants présents dans les phases :
    • adsorbées
    • dissoutes
    • libres

Analyses physiques

  • Le coefficient de distribution du contaminant
  • L'analyse granulométrique
  • Les caractéristiques physiques du contaminant incluent :
    • la viscosité
    • la densité
    • la solibilité
    • la pression de la vapeur
    • etc.
  • La présence des liquides en phase non aqueuse (légers ou denses)

Essais recommandés dans le cadre d’une caractérisation détaillée

Essais chimiques

  • Étude de traitabilité en laboratoire – Essai adapté en fonction du type d’amendement utilisé (chimique ou biologique)
  • Étude de traitabilité – Lavage des sols

Essais physiques

  • Évaluation des conditions d’opération (pression/extraction)

Essais hydrogéologiques

  • Essai de perméabilité
  • Essai de pompage
  • Essais avec traceur

Remarque : Des essais sur le terrain pour mesurer la conductivité hydraulique au niveau de la barrière gelée ainsi que le rayon d'influence des tubes frigorifiques sont nécessaires avant de procéder à l'installation d'une barrière gelée.

Autre information recommandée pour une caractérisation détaillée

Phase II

  • La profondeur et l'étendue de la contamination
  • La présence de récepteurs :
    • la présence de récepteurs potentiels
    • la présence d'infrastructures de surface et souterraines
    • le risque de migration hors site

Phase III

  • La stratigraphie du sol
  • La détermination des voies préférentielles de migration des contaminants
  • Le volume de sol à traiter
  • La connaissance détaillée de la géologie et de l'hydrogéologie incluant :
    • la direction d'écoulement des eaux souterraines
    • la conductivité hydraulique
    • les fluctuations saisonnières
    • le gradient hydraulique
  • La modélisation hydrogéologique

Remarques :

Des essais en laboratoire et des essais pilotes sont nécessaires afin de déterminer les paramètres qui influencent les interactions avec les contaminants (concentration et composition de la solution de lavage), le temps de traitement et le coût du traitement.

Une évaluation hydraulique est également nécessaire afin d’obtenir un système de récupération fiable, garantissant la récupération de la totalité de la solution de lavage injectée et des contaminants.

Applications

  • Le lavage in situ des sols s'applique au traitement de la contamination dissoute et résiduelle ainsi qu'aux liquides en phase non aqueuse (légers et denses);
  • Permet le traitement de la contamination résiduelle présente dans les zones vadose et saturée;
  • Procédé efficace pour une grande variété de contaminants organiques et inorganiques, tels que les composés organiques volatils et semi-volatils, les biphényles polychlorés, les pesticides et les métaux lourds;
  • Permet de traiter les composés organiques et inorganiques simultanément;
  • Les solutions de lavage qui restent dans les sols à la suite du traitement peuvent favoriser la solubilité et la biodisponibilité des contaminants pour une éventuelle biorestauration;
  • Le lavage des sols est efficace dans les sols perméables sablonneux ou graveleux et homogènes.

Applications aux sites en milieu nordique

L’utilisation de la technologie en milieu nordique pourrait s’avérer limitée puisque l’injection et l’extraction d’eau et de solutions de lavage dans les puits pourraient être affectées par la température. Une basse température limite la dégradation des contaminants, ce qui pourrait influencer l’efficacité du système de traitement. Il pourrait également y avoir des bris de l’équipement. L’entreposage des produits chimiques, entre autres les surfactants, peut être affecté par les basses températures.

De plus, les sites éloignés nécessitent une mobilisation plus importante, ce qui entraîne des coûts de surveillance sur place plus élevés. La disponibilité des équipements est limitée et les fenêtres de travail sont relativement courtes.

Type de traitement

Type de traitement
Type de traitementS’applique ou Ne s’applique pas
In situ
S’applique
Ex situ
Ne s’applique pas
Biologique
Ne s’applique pas
Chimique
S’applique
Contamination dissoute
S’applique
Contamination résiduelle
S’applique
Contrôle
Ne s’applique pas
Phase libre
S’applique
Physique
S’applique
Résorption
S’applique
Thermique
Ne s’applique pas

État de la technologie

État de la technologie
État de la technologieExiste ou N'existe pas
Démonstration
N'existe pas
Commercialisation
Existe

Contaminants ciblés

Contaminants ciblés
Contaminants ciblésS'applique, Ne s'applique pas ou Avec restrictions
Biphényles polychlorés
S'applique
Chlorobenzène
S'applique
Composés inorganiques non métalliques
S'applique
Composés phénoliques
S'applique
Explosifs
S'applique
Hydrocarbures aliphatiques chlorés
S'applique
Hydrocarbures aromatiques monocycliques
S'applique
Hydrocarbures aromatiques polycycliques
S'applique
Hydrocarbures pétroliers
S'applique
Métaux
S'applique
Pesticides
S'applique

Remarques:

Remarque :

Cette technologie s'applique aussi aux contaminants radioactifs ainsi qu'aux liquides légers et denses en phase non aqueuse.

Durée du traitement

Durée du traitement
Durée du traitementS’applique ou Ne s’applique pas
Moins de 1 an
S’applique
1 à 3 ans
S’applique
3 à 5 ans
Ne s’applique pas
Plus de 5 ans
Ne s’applique pas

Considérations à long terme (à la suite des travaux d'assainissement)

À la fin du traitement, la contamination résiduelle dans la solution de lavage doit être évaluée, traitée et disposée adéquatement, selon la réglementation en vigueur.

Produits secondaires ou métabolites

Généralement, le lavage des sols ne génère pas de produits secondaires toxiques. Cependant, il peut induire des conditions anaérobies dans les sols. Dans ces conditions, certains composés sont transformés en substances toxiques. Par exemple, en milieu acide et anaérobie, l'arsenic peut former un gaz très toxique, l'arsine.

Limitations et effets indésirables de la technologie

  • N’est applicable que pour des sols perméables et homogènes; le contenu du sol en particules fines telles les argiles ou les silts ne doit pas dépasser 20 % de la masse totale du sol;
  • Une forte teneur en matière organique dans le sol diminue l'efficacité du traitement;
  • La profondeur de la contamination peut augmenter considérablement les coûts reliés à l'utilisation de cette technologie;
  • La conductivité hydraulique devrait idéalement être supérieure à 10-3 cm/s. Dans certains cas, cette technologie peut être envisageable pour une conductivité hydraulique se situant entre 10-3 et 10-5 cm/s;
  • L'hétérogénéité de la formation et la présence d'infrastructures souterraines peuvent favoriser l'écoulement de la solution de lessivage par des chemins préférentiels;
  • Possibilité de générer des volumes importants d'effluents contaminés;
  • Une mauvaise connaissance de l'hydrogéologie et des chemins préférentiels de migration peut engendrer une migration de la contamination pendant et à la suite du traitement;
  • À la fin du traitement, la présence de composés résiduels de la solution de lavage peut rendre inacceptable cette technologie, selon la réglementation en vigueur;
  • Les sols contaminés situés dans la zone vadose peuvent être difficiles et potentiellement impossibles à traiter;
  • Consommation d’un volume important d’eau;
  • La solution de lavage pompée peut-être difficile et complexe à séparer pour récupérer le surfactant.

Technologies complémentaires améliorant l’efficacité du traitement

  • Le lavage des sols peut être utilisé conjointement avec plusieurs autres technologies de restauration in situ des sols, comme la biostimulation;
  • Un système de recirculation (pompage/injection) en boucle fermée peut permettre de réduire les volumes de solution de lavage requis.

Traitements secondaires requis

  • Les eaux extraites à la suite du lavage des sols doivent être traitées en surface pour en retirer les contaminants dissous ou en émulsion;
  • Lorsque possible, les composés actifs de la solution de lavage peuvent être recyclés (exemple : surfactant, alcool). Dans d'autres cas, ils doivent être neutralisés, traités ou séparés avant le rejet des eaux traitées.

Exemples d'application

Les sites suivants fournissent des exemples d’application :

Performance

Le lavage des sols in situ est efficace pour le traitement d'une grande quantité de contaminants. Plusieurs compagnies privées offrent leur propre procédé de lavage des sols et de mélange de solvants en solution. Certaines de ces compagnies offrent des systèmes pouvant être complètement automatisés.

L’efficacité de l'élimination des contaminants dépendra du contaminant, du type de sol et de la géochimie de l’aquifère. Les produits volatils halogénés, semi-volatils non halogénés et les métaux non volatils sont parmi les groupes de composés chimiques traités avec succès par cette technologie.

L’efficacité de traitement en zone vadose est généralement limitée, compte tenu de la difficulté d’établir un contact optimal entre les sols et la solution de lavage.

Mesures pour améliorer la durabilité de la technologie et/ou favoriser l’assainissement écologique

  • Utilisation d’énergie renouvelable et d’équipement à faible consommation d’énergie;
  • Optimisation du choix des équipements en fonction des conditions du site pour réduire la taille des équipements et la consommation d’énergie;
  • Optimisation du calendrier afin de favoriser le partage des ressources et réduire le nombre de jours de mobilisation;
  • Utilisation de la télémétrie pour la surveillance à distance des conditions du site et limiter le nombre de visites;
  • Optimisation du procédé pour réduire les déchets et les produits consommables et recycler la solution de lavage;
  • Optimisation des débits de pompage pour réduire les besoins en énergie;
  • Optimisation de la consommation d’eau du système de traitement;
  • Utilisation d’un système de pompage-injection en boucle fermée pour limiter les volumes de solution de lavage requis.

Impacts potentiels de l'application de la technologie sur la santé humaine

Poussière

S’applique

Surveillance des émissions à la source (choix des paramètres, des types d’échantillons et du type d’intervention [fonction de la source, du risque ou des exigences locales])

Émissions atmosphériques/de vapeurs – sources ponctuelles ou cheminées

S’applique

Surveillance des émissions (choix des paramètres, des types d’échantillons et du type d’intervention [fonction de la source, du risque ou des exigences locales])

Émissions atmosphériques/de vapeurs – sources non ponctuelles

Ne s’applique pas

S. O.

Air/vapeur – sous-produits

S’applique

Surveillance des émissions (choix des paramètres, des types d’échantillons et du type d’intervention [fonction de la source, du risque ou des exigences locales])

Ruissellement

Ne s’applique pas

S. O.

Eau souterraine – déplacement

S’applique

Modélisation des effets de l’injection et du pompage requis et surveillance de la migration de l’eau souterraine

Eau souterraine – mobilisation chimique/géochimique

S’applique

Surveillance de la migration de l’eau souterraine

Eau souterraine – sous-produit

S’applique

Suivi de la qualité de l’eau

Accident/défaillance – dommage aux services publics

S’applique

Vérification des dossiers et obtention des permis préalables aux travaux d’excavation ou de forage, élaboration de procédures d’excavation et d’intervention d’urgence

Accident/défaillance – fuite ou déversement

S’applique

Examen des risques, élaboration de plans d’intervention en cas d’accident et d’urgence, surveillance et inspection des conditions dangereuses

Accident/défaillance – incendie/explosion

S’applique

Examen des risques, élaboration de plans d’intervention en cas d’accident et d’urgence, surveillance et inspection des conditions dangereuses

Autre

Ne s’applique pas

S. O.

Références

Auteur et mise à jour

Fiche rédigée par : Josée Thibodeau, M.Sc, Conseil national de recherches

Mise à jour par : Karine Drouin, M.Sc., Conseil national de recherches

Date de mise à jour : 27 mars 2013

Dernière mise à jour par : Nathalie Arel, P.Eng., M.Sc., Christian Gosselin, P.Eng., M.Eng. and Sylvain Hains, P.Eng., M.Sc., Golder Associés Ltée

Date de mise à jour : 22 mars 2019

Version :
1.2.5